Volkswagen, le peuple de la voiture et le moral des français

LES POSTS DES BOSS
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Les révélations sur les procédés de Volkswagen – la voiture du peuple – sont une bonne nouvelle.
Il y a, dans cette affaire de tricherie délibérée, de quoi nous redonner l’occasion d’espérer. Si l’Allemagne, cette nation puissante, véritable incarnation d’une industrie automobile dominante qui fait corps avec son peuple – le peuple de la voiture -doit tricher pour réussir, alors tout peut être reconsidéré.
Ses ingénieurs ne seraient donc pas les machines infaillibles que l’on imagine. Ces hommes, directs et sans ambages, nous auraient abusés. Leur sévère froideur, leur humour minimum, leur implacable intransigeance ne serait au fond que le masque de leurs insuffisances incompatibles avec l’orgueil industriel du pays.
La malhonnêteté ou sa sœur folklorique, la roublardise, dont il a été décrété par nos amis anglo-saxons qu’elles étaient plutôt l’apanage des cultures du sud se trouvent désormais partagées par nos voisins du nord. L’Europe dessine enfin des contours communs…
Notre recul industriel ne tiendrait donc pas à l’excellence de l’outil industriel d’Outre-Rhin, au tissu des PME, à la responsabilité des syndicats et à l’apprentissage. Elle ne serait pas davantage la conséquence d’une politique sociale hexagonale trop favorable, d’une fainéantise atavique, des 35 heures et de la gauche au pouvoir. Non ! Le terrain perdu en 50 ans face à l’Allemagne serait le fait de sa duplicité coupable ici mise à jour. Nous pensions qu’ils nous surpassaient et nous baissions les bras. Ils étaient tricheurs, dissimulateurs et sans vergogne.
Ce scandale éclaire d’un jour nouveau le tréfonds de leurs âmes. Ils ont leurs failles, leurs faiblesses et de misérables mesquineries qui en font des êtres de chair et de sang. Des gens normaux. Comme vous et moi. Les voici humains, infiniment humains mettant en œuvre les moyens les moins avouables pour parvenir à leurs fins. Machiavéliques ! Quelle ironique inversion !
Ainsi considéré, le Génie Français retrouve ses couleurs. S’il a été un temps dépassé, c’est sur le mensonge que l’écart s’est établit. Ouf. Nous sommes rassurés. L’honneur est sauf.
Cet événement nous ouvre de formidables perspectives.
Il y a là matière à reprendre confiance en mettant un terme à une fatalité industrielle qui nous enkyste dans une posture de latins créatifs et fantasques, élégants, inventifs mais un peu foutraques, incapables de délivrer excellence industrielle et performance économique.
On en vient alors à rêver. Reprenant confiance, nous pourrions désormais aspirer à toutes les conquêtes, à toutes les victoires sur tous les terrains.
Mieux encore pour regagner une fierté nationale sacrément érodée, nous laisserions au vestiaire notre résignation, nos complexes et la soumission à la supériorité allemande présupposée. Entrant sur la pelouse, sûrs de notre valeur, nous pourrions imaginer que derrière leurs gabarits avantageux et leur fameuse discipline, les onze joueurs de la Mannschaft ne sont que ces êtres de chair et de sang – 206 os et 600 muscles contrôlés par le même logiciel que le nôtre – avec leurs faiblesses et leurs blessures. Des hommes ordinaires, quoi ! Nous pourrions faire la preuve que, nous aussi, nous en avons sous le capot.
Nous pourrons alors espérer qu’à l’issue des 90 minutes, le match tournera enfin à notre avantage. France-Allemagne : 1-0. De quoi vraiment nous redonner le moral. Allez les bleus !

Gilles Deléris

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